Le tabou de Fukushima

« Faire son coming out sur le cancer de la thyroïde de Fukushima est un acte de bravoure dans le Japon d’aujourd’hui ».

Par Linda Pentz Gunter

En plein cœur de l’obscure bataille menée pour savoir s’il faut inclure l’énergie nucléaire dans la taxonomie « verte » de l’Union Européenne, cinq anciens premiers ministres japonais ont fait une déclaration sans précédent. Ils ont fermement condamné toute inclusion de l’énergie nucléaire en tant qu’énergie verte ou durable, même en tant que combustible dit de transition.

Le gouvernement japonais actuel a passé sous silence les arguments climatiques avancés par les anciens premiers ministres, s’emparant rapidement d’une petite phrase concernant les conditions de vie au Japon suite à l’accident de Fukushima : « de nombreux enfants souffrent d’un cancer de la thyroïde ».

Le parti libéral démocrate au pouvoir est même allé jusqu’à approuver une résolution condamnant les cinq anciens premiers ministres, dont l’un, Junichiro Koizumi, est issu de ce parti. La résolution allègue que leur déclaration n’était pas « scientifique » et qu’ils ravivaient les préjugés et encourageaient les gens à considérer les habitants de Fukushima comme des parias.

Le Conseil de recherche politique du parti a déclaré qu’il soumettrait sa résolution à l’actuel premier ministre, Fumio Kishida.

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La catastrophe de Fukushima a ruiné leur vie

Ils ont milité pour la justice, mais l’accident nucléaire les a tués de toute façon.

Par Linda Pentz Gunter

Kenichi Hasegawa était producteur laitier dans le département de Fukushima au moment de la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi du 11 mars 2011. Il vivait dans une famille composée de huit personnes, dans le village d’Iitate avec ses parents, sa femme, ses enfants et ses petits-enfants.

Iitate se trouve à environ 50 kilomètres du site nucléaire, mais est rapidement devenu l’un des endroits les plus contaminés par la radioactivité à la suite de la catastrophe de Fukushima. Pourtant, les habitants ont été peu informés et il a fallu plus d’un mois pour qu’un ordre d’évacuation soit émis pour Iitate. Beaucoup ne sont partis qu’à la fin du mois de juin.

M. Hasegawa lui-même est resté à Iitate pendant cinq mois après la catastrophe, s’occupant de ses vaches, jusqu’à ce qu’elles soient toutes abattues. Pendant cette période et jusqu’à la fin de l’année 2012, il a pris plus de dix mille photos et fait 180 vidéos (en japonais) afin de conserver une trace visuelle des conditions de vie sur place.

Le 22 octobre 2021, Hasegawa est décédé d’un cancer de la thyroïde à tout juste 68 ans, très probablement causé par son exposition prolongée à l’iode radioactif libéré, lors de la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi.

Avant la catastrophe nucléaire, Hasegawa possédait 50 vaches laitières et cultivait des légumes. Il était également un leader politique, occupant le poste de maire de son quartier. Mais l’accident de Fukushima a tout changé.

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Je n’ai rien pu dire à personne pendant 10 ans.

6 personnes qui ont développé un cancer de la thyroïde à l’adolescence après l’accident nucléaire poursuivent TEPCO en justice.

27 janvier 2022 à 20h47

Six hommes et femmes âgés de 17 à 27 ans qui vivaient dans le département de Fukushima au moment de l’accident ont lancé le 27 janvier une action en justice contre TEPCO, affirmant qu’ils souffraient d’un cancer de la thyroïde dû à l’exposition aux radiations causées par l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.
Ils ont déposé une plainte auprès du tribunal du district de Tokyo pour réclamer au total 616 millions de yens de dommages et intérêts. Au cours du procès, le principal point litigieux devrait être de déterminer s’il existe ou non une relation de cause à effet entre l’exposition aux rayonnements et le cancer de la thyroïde.

Les avocats et des plaignants tiennent une conférence de presse.
A la Chambre des représentants à Nagata-chô, Tokyo.
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« Je ne peux pas penser au mariage, à l’accouchement ou à l’avenir ».

Une jeune femme de 26 ans atteinte d’un cancer de la thyroïde et de métastases pulmonaires poursuit TEPCO.

Tokyo Shimbun, 19 janvier 2022, 06h00

Six jeunes gens qui ont développé un cancer de la thyroïde après l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi cherchent à faire établir la responsabilité de TEPCO (Tokyo Electric Power Company) devant les tribunaux. Ils ont de forts doutes sur le fait que, malgré la découverte d’un cancer de la thyroïde chez environ 300 personnes qui étaient des enfants au moment de l’accident, aucun lien de causalité avec l’accident n’ait été reconnu, d’autant plus qu’une réduction du nombre d’examens de dépistage est envisagée. « Je ne veux pas que cela continue comme si rien ne s’était passé », a déclaré une jeune femme de 26 ans, qui vit dans la région de Nakadôri, dans le centre du département de Fukushima, qui s’inquiète pour son avenir après avoir appris que son cancer s’est propagé à ses poumons. (Article signé de Natsuko Katayama)

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